J’attends avec joie, le moment d’aller à la chapellerie, sentir l’odeur de la vapeur, de l’amidon, caresser de la main la douceur incroyable des ballots de laine mérinos en attente du cardage, d’échanger un mot avec Jules, écouter le bruit sec et précis des gros ciseaux tailler précisément les cloches qui serviront à la confection d’un chapeau, plaisanter avec l’équipe, et écouter Alain Illamola raconter l’histoire de ce lieu qui traverse le temps et perpétue les mêmes gestes depuis sa création.
Anne Grauby, Fondatrice de la Manufacture des Possibles
Alain Illamola,
Ancien directeur Technique, Chapeaux de France
Chapellerie de Montazels (Chapeaux de Montcapel), Entreprise du Patrimoine Vivant
La maitrise du geste, la transmission comme credo.
Alain Illamola commence sa carrière en 1971 à la chapellerie, à peine âgé de 16 ans, alors que cette dernière compte 600 salariés. Formé à toutes les étapes de la fabrication des chapeaux de feutre, il va acquérir au fil des années la maitrise de tous les gestes nécessaires à la confection d’un chapeau, du bon dosage de teinture, au semoussage jusqu’ à la découpe à main levée d’un haut de forme…
En 2002, lors du gigantesque incendie qui dévaste plus de 3500 mètres carrés de l’usine, il parvient à sauver les premiers moules à chapeaux en plâtre.
Les machines du XIXème installées à l’ouverture de la fabrique, à Bugarach en 1830, et restées intactes dans ce désastre, vont permettre à l’équipe de continuer.
Directeur technique de la Chapellerie, il est le chef d’orchestre attentif et passionné de la petite équipe qui rayonne sur la haute vallée de l’Aude.
Il prend le temps d’écouter, de conseiller les jeunes qui se lancent dans le métier de modiste. Il collabore avec de belles maisons de couture : Lanvin, Comme des Garçons… coiffe les corps d’armée, et les équipages de compagnies aériennes avec le même enthousiasme !
Lorsque j’ai rencontré Alain Illamola, J’ai ressenti un profond respect pour cet homme qui aime la chapellerie de toutes ses forces. Son Savoir Faire, ses connaissances et son enthousiasme sont pour la Manufacture des Possibles des ancrages précieux.
Ici le temps s’arrête dans les tiroirs aux trésors, témoins des fastes d’antan, où le chapeau était beaucoup plus qu’un accessoire de mode.
» Grâce à lui, et à nos échanges, je suis chaque jour de plus en plus convaincue, que la valorisation des beaux Savoir-Faire est la voie d’avenir « .